Je n'aime pas la neige
Non, je n'aime pas la neige.
Pas quand il faut patauger dedans, une pelle à la main, pour ensuite se rendre au boulot sur des routes à peine déneigées, à 60 km/h, au volant d'une voiture aux déplacements ébrieux dont l'antipatinage au taquet rend crispant l'usage du frein.
Dans le silence blanc du matin, concentrée sur ma conduite et stressée par cette première neige de l'année, une autre journée de neige m'est revenue en mémoire. Une route de montagne particulièrement étroite et sinueuse, il y a une quinzaine d'années. La route, déjà déneigée comme en témoignait les boudins blancs irréguliers qui bordaient la route, était à nouveau recouverte d'une importante couche de neige sèche qui craquait au passage de la voiture. Je roulais tout doucement, pour ne pas risquer un dérapage qui m'eût fait basculer dans ces talus dont on ne sort qu'au treuil, et parce que la neige tombait si épaisse et si dense, qu'alors que le jour commençait à descendre, le paysage semblait s'effacer au-delà de quelques mètres. J'avais mis de la musique pour échapper aux bruit stressant des craquements.
Lorsque j'ai légèrement dérapé, dans le virage au-dessus du ruisseau, la scène s'est gravée dans ma mémoire.
Désormais, lorsque je roule dans les paysages neigeux, j'entends la chanson qui passait à ce moment-là :
Demain,
comme je n'aurai pas besoin de quitter la maison,
demain, oui,
j'aimerai la neige.