... et ses amis aussi.
C'est ce qui est ressorti d'une discussion qu'ils ont eue plus tôt dans la semaine et qu'elle nous a rapportée.
Je crois volontiers que son addiction est réelle, à cause d'un signe ne trompe pas : le drogué n'assume pas la réalité de sa consommation, et elle a refusé de me dire combien de temps elle passait par jour sur son téléphone portable.
Temps que j'ai toujours trouvé excessif et dont elle se défendait avec des prétextes variés. Cette prise de conscience de groupe leur sera, je l'espère, salutaire, d'autant qu'ils semblent en avoir bien compris les mécanismes...
A ce sujet, Arte propose une petite série de vidéos légères pour comprendre ce qui se joue...
Extraits des bandes son :
Dopamine : Instagram
"Cette validation sociale [i.e. obtenir la validation de ses followers avecdes "like"] est un besoin dit fondamental. Car l'être humain est un être social en constante quête d'approbation, cherchant perpétuellement à s'évaluer par le regard d'autrui, ce qui lui permet de se situer dans le groupe et ainsi de valider son estime de soi".
Les travaux de Bandura son cités : "l'être humain cherche toujours à faire partie d'un groupe. D'un côté en adoptant des comportements similaires au groupe auquel il s'identifie et de l'autre en rejetant les comportements des groupes antagonistes. C'est la théorie de la comparaison sociale".
"Quand tu consultes les comptes d'autres utilisateurs, tu te retrouves irrésistiblement attiré par deux comportements antagonistes. D'un côté tu rejettes des comportements, et de l'autre tu adoptes des comportements dans un processus que Bandura appelle l'apprentissage vicariant. Ce qui veut dire que non seulement tu observes mais surtout que tu imites inconsciemment les comportements de ces utilisateurs qui deviennent tes influenceurs".
... "et même si tu évites soigneusement les influenceurs, tu ne pourras pas échapper à la collecte de tes données qui serviront à te placer des publicités ciblées qui s'intégreront entre les photos de tes amis et seront ainsi considérées inconsciemment par ton cerveau comme un contenu familier".
C'est ici...
Dopamine : Facebook
"ces applis sont conçues à la base pour sécréter dans ton cerveau la molécule responsable du plaisir, de la motivation et de l'addiction : la dopamine".
"L'objectif de Facebook c'est que tu passes le maximum de temps sur le réseau tout en likant un maximum de contenu car la valeur boursière de la société dépend de la monétisation de tes données personnelles. Plus tu consultes Facebook, plus ils collectent de la donnée et plus l'entreprise s'enrichit".
"Cette application est basée sur l'interaction sociale à la basedes relations humaines : l'amitié".
Là c'est Dale Carnegie qui est cité : "pour se faire des amis il faut avant tout sourire, écouter, être intéressé, et donner l'impression à l'autre qu'il est important. Ainsi, être ami c'est avant tout montrer qu'on est ami".
"Sur Facebook c'est pareil, inconsciemment tu likes car tu veux plaire à ton ami"... le like est donc un outils d'interaction social... dont le cerveau raffole.
"Avec le like, il se crée une boucle de rétroaction de validation sociale. Tu aimes ceux qui t'aiment et en retour tu te sens obligé de liker leur contenu, créant une boucle sans fin".
Quant aux nouveaux boutons de réaction, on nous explique qu'ils sont "surtout le moyen de connecter des données encore plus précises sur ce qui était jusque là caché : tes émotions. Carpour les analystes de Facebook, qui analysent en continu toutes tes données pour les monétiser, ces 6 réactions sont beaucoup plus faciles à analyser que des textes écrits dans tes commentaires, ce qui va leur permettre d'optimiser ce qu'on appelle le ciblage comportemental en ajustant ton fil d'actualité encore plus précisément pour provoquer la meilleure émotion susceptible de te faire passer des heures devant ton écran".
"Tu crois que Facebook est juste un réseau sympa et pratique, mais en fait c'est aussi le plus grand laboratoire d'études sociales du monde. Et de nombreuses expériences sont menées sans que tu t'en rendes compte. Les chercheurs de chez Facebook peuvent tout étudier : la façon dont ta famille communique, les causes de ta solitude et même le moment où tu vas faire ton coming out. Ayant la main sur ton fil d'actualité, donc ce que tu vois, ils peuvent se servir de toi comme d'un cobaye et observer en direct ce que provoque de petits changements"
Les mecs ont quand même prouvé que plus tu reçois du contenu positif, plus tu en produis, et inversement.
Enfin, "même si tu clôtures ton compte, tu ne pourras pas échapper à Facebook. Car sur la plupart des sites web que tu visites, se trouve un petit bouton Facebook qui est conçu pour collecter des données à ton insu [... qui] est en fait un mouchard qui aspire tes données de navigation lorsque la page se charge et les envoie à Facebook".
C'est ici.
Candy Crush, YouTube, Snapchat, Uber, Twitter, Twich, Waze, Vinted, Tinder, LinkedIn, Amazon, Whatsapp, Tiktok sont ainsi démystifiés... alors c'est un peu redondant à force, pas besoin de regarder tous les épisodes, même si chacun cible les particularités de chaque appli et développe des notions différentes.
J'ai eu la curiosité de regarder Waze : la vidéo explique notre facilité à utiliser ce type d'appli parce que par nature nous choisissons toujours la solution la moins coûteuse en énergie... Le côté participatif de Waze le rend sympathique (j'ai toujours eu un faible pour les machins "communautaires" ^^).
Et puis je découvre le concept d'hétéromation (Hamid Ekbia et Bonnie Nardi): "une extraction de la valeur économique d'une main d'oeuvre gratuite dans des vastes réseaux virtuels qui profitent à des actionnaires eux bien réels qui se font des millions grâce à toi. Car plus tu utilises l'appli, plus ta voiture se transforme en gros mouchard révélant où tu habites, où tu travailles, où tu consommes, et même où tu pars en vacances... permettant à Google de vendre encore plus de publicités ciblées".
Les blogs sont épargnés, pour autant je me rends compte que, si je ne passe pas trop de temps sur mon téléphone portable, je grille beaucoup de mon temps libre sur ordinateur à lire le contenu des blogs que je suis et à essayer d'en découvrir d'autres - et c'est le fait que je sois perpétuellement en quête d'autres contenus qui me fait dire que si ma fille est une droguée, je n'ai peut-être pas grand chose à lui envier !
Alors ? retour au crayon-papier ?