Cliclac... cliclac...
- Maman, t'as fait quoi de tes vieux argentiques ?
- Ils sont dans la bibliothèque du salon, pourquoi ?
- Tu m'en files un ?
Avec l'entrée fracassante du numérique dans nos existences, je ne pensais pas vivre un jour ce moment si particulier : exhumer l'appareil qui m'a suivie pendant mes années étudiantes et en expliquer le fonctionnement à ma fille... réutiliser le terme "pelloche"... mais surtout, réentendre le son de l'irremplaçable déclic du déclencheur...
Quel étonnement que cet intérêt pour l'argentique...
J'en regretterais presque de ne pas voir mené à terme mon projet de chambre noire...
(j'en avais deux, elle a pris l'autre, le Canon)
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(j'en avais deux, elle a pris l'autre, le Canon)
C'était le temps où l'on réfléchissait avant de déclencher. On pensait le sujet, on cadrait, on retenait sa respiration... Et puis il y avait l'attente, jusqu'au développement, où l'on découvrait les flous, les ratés, les réussites contre toute attente... le choix à la loupe sur la planche contact des clichés qu'on ferait développer... le pote équipé qui nous emmenait développer à la lumière rouge...
J'ai perdu une partie du plaisir de la photo avec le numérique, comme si l'acte en lui-même, sorte de rituel esthétique, presque martial dans ce qu'il demandait de concentration et de fermeté dans la posture, comptait à mes yeux autant que le résultat.