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Fuzzy Shards
29 octobre 2022

Fracture culturelle philo-pop : un déridant gala d'art contemporain - biennale de Lyon, digression

S'il n'y avait pas eu l'inscription lumineuse tout en haut, il ne m'aurait même pas effleuré que ces gradins eussent pu faire partie des oeuvres exposées. J'y voyais juste un truc bien pratique pour d'éventuelles performances et visites guidées.

"Mind and senses purified", les notes de Gala ont immédiatement commencé à résonner dans ma tête et je savourais le clinquant des paroles néonifiées contrastant avec le message de la chanson "freed from desire" dont elles sont tirées, étalées bien visibles en haut d'un gradin évoquant ces grands rassemblements déchainant les passions et mobilisant des sommes colossales, j'y lisais l'hypermédiatisation de certains événements de masse, le coût de notre futilité, des trucs du genre, quand le couple à côté de moi m'a coupée dans mon élan.
Elle opinait du chef en regardant cette même inscription lumineuse, puis a lancé, avec un mouvement du menton :  "Derrida"... "évidemment", a répondu l'homme, d'un air entendu.

 

Pop !

Fracture culturelle !

 

Fracture culturelle ?

Il est vrai que je préfère sans la moindre hésitation
passer une heure à danser
qu'une heure à me fader la lecture des philosophes...
(... mais n'est-ce point honteux que de vous l'avouer ?)
... caste qui flirte trop ouvertement avec la psychanalyse pour m'être sympathique.

 

 

Je n'avais pas lu le cartel, eux si, sinon je ne vois pas comment ils auraient pu faire le lien avec le concept de hantise de Derrida. Ou alors il y a vraiment une culture de l'art contemporain réservée à quelques happy few dont fait partie ce couple. Ou alors mon inculture est encore plus crasse et mes capacités de raisonnement abstrait encore plus limitées que je l'imaginais. Ou alors Derrida est une icône du milieu artistique contemporain... ?


Léo Foudrinier

 

Mais peut-on réellement dire que nous sommes "hantés" par les traces du passés, dans la mesure où nous sommes le résultat de ce passé, à travers notre éducation, notre mémoire, etc... ? vouloir s'affranchir des traces du passé n'est-ce donc pas le signe qu'il fut trop pesant, et qu'on ne l'a pas réussi à le... dépasser ?
Le passé, c'est l'expérience, ses traces en sont le bilan... ce ne sont pas les traces du passé qui nous hantent, mais celles de notre faiblesse.

"Freed from desire" comme nouveau slogan, alors, pour nous inviter à revenir à des valeurs plus sobres, à une forme de tempérance au lieu de cette course éperdue en avant... notre insistance à vouloir continuer de vivre comme si de rien n'était quand tous les indicateurs sociaux et écologiques sont au rouge ? mais le rapport avec Derrida, dans tout ça ? Aucune idée, langue au chat...

En faisant des recherches sur Derrida et sa hantise, histoire d'essayer de comprendre, quand même, je suis tombée sur cette phrase, assez peu édifiante, ma foi, mais suffisamment jolie et originale pour que je décide de la garder (même si je ne suis pas forcément d'accord avec)(ou alors, il faut m'expliquer ce qu'il entend par fantôme) :

 

« être hanté par un fantôme, c’est avoir la mémoire de ce qu’on n’a jamais vécu au présent, avoir la mémoire de
ce qui au fond n’a jamais eu la forme de la présence »

Jacques Derrida

 

photo 1

Je n'ai à ce jour toujours pas compris le rapport avec Derrida, tant pis.

Mais la rencontre de l'oeuvre et du couple a nourri et élargi mes réflexions,
c'est aussi ce genre de choses qui fait le charme de l'art contemporain.

 

photo 2
Ma photographe photographiée...

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