Oiseaux
Une mésange charbonnière a installé son territoire sous mes fenêtres. Son chant couvre celui des autres. J'entends son "petit petit petit petit", et cette étrangeté perceptive me rappelle ma grand-mère qui onomatopisait les chants d'oiseaux, qu'elle connaissait parfaitement, elle.
"petit petit petit petit", je ne sais pas où elle se cache : je ne la vois jamais.
J'essaie de déméler les différents chants qui se confondent, plus loin dans l'espace sonore, exercice trop difficile pour la béotienne que je suis.
La vieille boîte à lettres a connu des générations de mésanges. C'est une des raisons pour laquelle nous ne l'avons jamais décrochée. Le nid vide n'accueille plus aucun oiseau désormais, depuis des années, mais nous n'y avons pas touché. Des fois que.
Les poutres des hangars et de la grange portent encore les traces d'anciens nids d'hirondelles. Nombreuses dans mon enfance, elles ont quasiment disparu. Leurs vols en piqué dans les champs n'annonce plus la pluie à venir, et le câble électrique qui traverse la cour de la maison aux hangars n'accueille plus qu'exceptionnellement leur rassemblement automnal.
Sur la poutre au-dessus de l'entrée, une famille rouge-queue a élu domicile. Nous entendons parfois les petits piailler, mais les parents nous évitent, se perchant sur le toit ou la porte de l'écurie en attendant que la voie soit libre. L'un d'eux vient alors apporter le produit de sa chasse pendant que l'autre attend son tour, vigilant à l'activité des alentours.
Le seuil d'entrée et paillasson sont couvert de fientes, d'asticots échappés et de bouts de paille et de mousse qui se détachent lors des allées et venues. Et je ne fais plus les vitres.
En écho dans le lointain, le cri des corbeaux.
Le nid des pies est désormais masqué par la végétation.