Mon insociable sociabilité
Juste une petite phrase dans un mail :
"Peut-être avez-vous profité de Pâques pour une 'petite résurrection' ?"
et me voilà envahie d'un violent sentiment de honte. J'ai mis ma vie en stand by, j'ai mis jusqu'à mes amis en stand by... combien de messages en souffance ? Combien d'appels téléphoniques jamais décrochés ? d'invitations jamais honorées ? d'attentes jamais comblées ?
Tout est dit dans cette simple petite phrase, derrière la pointe d'humour : punaise, Jigs, t'es où ? tu fais quoi ? tu vas jouer les mortes pendant combien de temps encore ?
Le covid a bon dos, la vérité est que j'ai les orteils agrippés au bord du plongeoir, mais que je retarde le moment de sauter. Je retarde le moment de retourner incarner mon personnage, retrouver les responsabilités, les dead lines, les projets, les attentes d'autrui, les sorties, les cérémonies, le jeu social, le contrôle de ses gestes et paroles, le théâtre de la vie où il est de bon ton de se montrer, de se surjouer, les relations qui se nouent, se dénouent, les regards, les flatteries, les jugements, les perfidies, tous les beaux moments aussi... je dois y retourner, je n'ai plus le choix...
mais je n'ai pas envie.
Je n'ai plus envie.
J'ai attendu, Anne ma soeur Anne
jusqu'au dernier moment, ne vois-tu rien venir ?
un petit miracle,
un je ne sais quoi sorti de je ne sais où
qui m'aurait permis de me soustraire à tout ça,
une sorte de plan B
une sortie de secours
une voie alternative où bifurquer
mais rien n'est jamais arrivé
que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.
Retarder encore deviendrait délicat...
Alors maintenant...
GO !
L'humaine société porte une barbe bleue... ^^