Comment je suis devenue bibliomaniaque
J'ai grandi dans un milieu qui encourageait et valorisait la lecture.
Mon premier livre m'a été offert vers la fin de mon année de CP, je me souviens parfaitement de ce moment, de ma joie de posséder un de ces objets qui me fascinaient déjà.
Longtemps le livre fut pour moi le simple support de mon activité préférée. Mon enfance et ma prime jeunesse furent bercées par la lecture de romans, je glissai doucement dans la lecture d'essais vers l'adolescence, j'oscille depuis entre les deux genres, l'un prenant le pas sur l'autre selon les périodes.
Je serais incapable de dire à quel moment j'ai basculé vers un comportement bibliomaniaque. Peut-être avec ce livre d'histoire locale, offert et dédicacé par son auteur à ma mère qui lui avait cédé sa place dans un bus bondé. Quoi qu'il en soit, c'est à peu près à l'époque où ma mère me transmit ce livre que je commençai à m'intéresser à autre chose qu'au simple contenu.
Oui, c'est sans doute mon goût pour l'histoire locale qui a modifié mon approche du livre.
Quelques expériences enrichissantes dans des bibliothèques avec des fonds très anciens et une formation à la reliure ont achevé le processus.
Le livre n'est désormais plus seulement un support, il est aussi un objet dont j'apprécie la qualité, l'ancienneté, et dont certaines particularités m'enchantent : si les collectionneurs recherchent des ouvrages en parfait état, je préfère ceux qui portent la marque de leur histoire : dédicaces, annotations ou dessins, documents ajoutés...
Ma collection reste toutefois une collection d'opportunité : je ne suis pas complètement bibliomaniaque, je ne cherche pas activement à compléter mon fonds, je reste (très) raisonnable dans les sommes allouées... mais j'ai ces premiers symptômes, qui ont déjà notablement modifié l'apparence de ma bibliothèque et mon comportement d'amoureuse des livres.