"Les armoires vides (1974) ; "Le jeune homme" (2022) - Annie Ernaux
J'ai enfin lu Annie Ernaux.
Son premier et son dernier roman.
Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais, à vrai dire, en tout cas pas à ça.
Sans doute qu'aucun de ces deux livres n'est représentatif de son oeuvre : "les armoires vides" est son premier roman, il parait que son style a beaucoup évolué par la suite, quant au "jeune homme", la quatrième de couverture annonce une "clé pour lire l'oeuvre d'Annie Ernaux - son rapport au temps et à l'écriture", mais sans doute que la clé de l'oeuvre n'est utile que pour ceux qui l'ont lue...
Certes, j'ai trouvé intéressant, dans "les armoires vides", ce regard en arrière de l'étudiante sur les événements qui l'ont conduite à cette journée, certes les thèmes abordés sont des termes qui par nature m'intéressent (dont les mécanismes d'émancipation de son milieu et les multiples conséquences qui en découlent...), certes les analyses sont fines et les descriptions riches et vivantes.
Mais.
Cela dit, il n'est pas exclu que je lise d'autres livres d'Annie Ernaux, par curiosité, afin de compléter le tableau de la transfuge sociale qui émerge de ce premier roman, cet être tout en décalages et contradictions, sans doute trop libre pour s'intégrer pleinement à quelque monde que ce soit, et qui semble n'avoir jamais complètement quitté l'entre-deux socio-culturel qui a déchiré son enfance.
"Il avait spontanément les gestes et réflexes dictés par un manque d'argent continuel et hérité" p. 18
"Le travail n'avait pour lui pas d'autre signification que celle d'une contrainte à laquelle il ne voulait pas se soumettre si d'autres façons de vivre étaient possibles" p. 20
"Il était porteur de la mémoire de mon premier monde" p. 21
Extraits tirés du "jeune homme", qui fait moins de 40 pages, mais dont je me rends compte, en recopiant ces extraits, que je l'ai lu trop vite. Dévoré dans la foulée des "armoires vides", comme un dernier chapitre dans lequel j'espérais trouver ce qui m'avait manqué dans ma lecture, j'en ai je crois trop rapidement survolé les pages, qui auraient mérité une attention plus soutenue : plus dense que le premier, ce petit livre contient très probablement bien plus que ce qui a affleuré à la première lecture.